Le temps est passé du sombre anniversaire…j’ai laissé filer sans effort aucun, laissé le calendrier chevaucher tous ces chagrins empilés il a fait tout le sale boulot c’est comme la pluie sur une baie vitrée hermétique et l’heure des vautours aussi est passée tout est en ordre
Le monde révolutionne et s’embrase, ici la torpeur assassine, les journalistes écrivent de plus en plus mal, où sont les éditoriaux flamboyants du siècle passé ? Et moi je manifeste seule dans cet appartement que j’occupe encore et toujours « sans droit ni titre » ce qui est effarant.
EFFARANT
Non pas que je manifeste, mais d’être squatteur
J’ai retrouvé enfin l’aube et son silence et par là même le possible d’écrire, j’ai repris l’ouvrage là où on l’avait interrompue, vaste chantier en jachère, friche glaciale, terrain miné
Un fils absent pour six mois, un autre qui se prépare à partir pour un an, une fille qui joue Black Bird et colle des phrases de Dylan sur les murs de sa chambre, veut se déguiser en Dylan pour le Mardi Gras , je suppose que son comparse se grimera en Woodie Guthrie, un vent très doux de liberté qui murmure hang on hang on 'cause the times they
are...
I fought the law
C’est injuste je sais m’a dit cette avocate
Et pourtant c’est la loi
Et je me revois blonde au teint de poupée mimer le passage du peigne dans mes cheveux devant la caméra et dire du haut de mes vingt ans « j’imite Gene Vincent »